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Cappuccino Music
9 décembre 2020

Le plan Marshall

 

 

Le plan Marshall

 

J’ai déjà vécu ici, au temps de glace, Et bien sûr, c’est pourquoi je me sens à ce point concerné,

Je suis revenu pour replacer les étoiles qui s’étaient éparpillées

Et retrouver l’odeur d’un monde qui a brûlé.

L’odeur d’un monde qui a brûlé.

 

 

Question : Jimi Hendrix était-il un musicien de talent, un compositeur innovant, un artiste avant-gardiste ou un demi Dieu ? Á lire les déclarations de ses contemporains, c’est tout cela à la fois. De Miles Davis à Zappa en passant par Ted Nugent et John McLaughlin, tous le déclareront un jour : ce type-là était différent… En quelques années et à peine trois disques studio et un live, Jimi aura, à tout jamais, laissé un héritage qui ne sera jamais digéré par les nouvelles générations. Un héritage musical, un héritage philosophique, une approche de son instrument, et surtout un don pour matérialiser son univers. Un univers de riffs intemporels, où se déchainent les racines du blues pour exploser dans un Big Bang avant de se transformer en poussière (d’étoiles ?)… Le Voodoo Child était-il né d’une manipulation génétique mis au point par des « visiteurs » ? Et pourquoi ? Sûrement pour faire passer les hommes dans la nouvelle dimension et livrer un message de paix, mais aussi de révolte. Jimi sera donc choisi par les dieux pour devenir le guitariste du nouveau monde et l’icône de toute une génération. Devant Jeff Beck trop instable, devant Page, trop sombre, devant Clapton, trop blanc, devant Pete Townsend, trop sourd, le rock attendait son messie. Je vous laisse imaginez le décor. Nous sommes dans les années soixante. La guitare électrique, alors amplifiée à l’époque par Charlie Christian en 1934, a donné ses lettres de noblesse au jazz et de Wes à Django, la six cordes devient omniprésente. Les premiers rockeurs s’en donnent eux aussi à cœur joie en poussant les limites de la pentatonique issue du peuple afro/américain. Bill Haley la comète, et Chuck Berry le duckwalker enregistreront les hits et les standards nécessaires à l’alimentation des rock bands de garage. Mais les limites devaient encore être poussées plus loin. Car la musique changeait, elle évoluait, elle fusionnait, elle devenait plus libre… Jimi était donc ce cataclysme indispensable à toute bonne évolution digne de ce nom. Le nouveau rock venait de naitre. Un son unique, identifiable parmi cent autres, un vrombissement intense de notes déferlantes sur notre planète, telle une pluie de météorites. Car Jimi était une météorite, aussi vite apparue, aussi vite disparue, mais qui nous aura gravé les lois du nouveau rock, celui qui prend des risques, celui qui joue « au-delà des notes »… Combien furent traumatisés ? Combien seront rescapés ? Pour être franc, le verdict est bien triste. La plupart des guitaristes seront à tout jamais imprégnés de sa musique, de son look, de ses idées. Mais aucun n’accéda au royaume tant convoité du guitar hero. Tel un chaman qui ouvrira les portes du paradis de la six cordes, Jimi, à son tour, créa de nombreux clones à son image.

 

Et des échos datant d’il y a très longtemps.

Des choses comme l’Amour, le Monde et Laisse aller ton imagination.

Est-ce vrai ? Ooh. Laisse moi te parler. Laisse moi te parler. »

Extrait de : Up From The Skies (Tout droit venu des cieux).

 

Randy California fut donc la première création du Maitre. Look similaire, goût prononcé pour les ambiances mystiques. Bien qu’étant un élève surdoué, et malgré une carrière plus qu’honorable avec son groupe Spirit, il ne put accéder au statut de superstar comme Hendrix. Même son pacte douteux avec le magicien inquiétant de l’époque, j’ai nommé Jimmy Page, laissera un goût amer à Randy… Page lui aurait piqué les arpèges de Stairway to heaven après une séance de magie noire dans un manoir reculé et hanté par des forces obscures. Deuxième émule du Voodoo Child, Robin Trower. Une énergie et un feeling que personne n’oserait lui contester. Le live de 75 est un bel hommage à son père spirituel, la leçon fut bien apprise, la recette de Jimi était vraiment au point. Il faut dire que Jimi avait des gadgets qu’à l’époque personne ne connaissait. Ses ingrédients à base du fuzz et ses épices rares telles que la whawha ou l’octaver permettaient de tordre le son à son gré, repoussant encore les limites de son cosmos musical. La voie lactée était tracée, mais personne n’ouvrit de nouveaux espaces, personne ne franchira les sommets. Uli Jon Roth et son Electric Sun, en sait quelque chose. Sa Sky Guitar mis au point dans son labo ne lui permit point non plus de dépasser le maitre. Pourtant, il y avait de l’imagination et de la technique à revendre dans son jeu. Pareil pour le canadien Franck Marino et son Mahogany Rush, idem chez Leslie West depuis son Mountain. Ces deux-là ont pourtant tout donné, ont tout craché et ne décrocheront pas la timbale mais resteront dans l’ombre de James Marshall. Marshall ? Un drôle de nom, un nom de légende, un nom que personne n’oublie. Des murs énormes d’amplis qui trônent sur toutes les scènes du rock, et dans toutes les chambres des apprentis guitaristes. Coïncidence, mafia ? Difficile de trouver des preuves. Aujourd’hui, les guitares Fender, les amplis Marshall, les Cry-Baby se vendent à des millions d’exemplaires depuis plus de quarante ans… Des vidéos proposent de jouer comme Hendrix, Jimi se prête à la Wii, les Simpson rentrent en transe avec la Air Guitar sur un fond de Foxy Lady. Le Hard-Rock Café de Londres permet aux touristes du monde entier de poser sur un canapé ayant eu le privilège de recevoir le messie… Mais il reste indétrônable et le règne perdure. Un site permet même aux fidèles de lui écrire.

 

Si je ne vous vois pas dans ce monde, nous nous retrouverons dans l’autre…

Ne soyez pas en retard.

Extrait de : Voodoo child

 

Alors on prend des trips, on fait l’amour sous LSD, les fermes écolos cultivent le chanvre, les fidèles viennent aduler leur gourou. Il faut hypnotiser les pèlerins. Leur offrir le dernier sacrifice, la Stratocaster brûlera et les morceaux seront répartis aux quatre coins de la planète. Le jour où ils seront rassemblés de nouveau, elle délivrera un message à l’humanité. Serait-ce le projet Blue Beam ? Des images en hologramme géant projetées depuis l’espace par des satellites ? Un spectacle visible dans toute la galaxie pour renouveler la matière ?

 

Mais délivre-nous du mal.

Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,

pour les siècles des siècles.

 

Le Graal reste inaccessible… C’est la seule constatation. Car Jimi représentait la Trinité. La création, la préservation et la destruction. C’était écrit que personne, non personne, ne prendra la relève. La vérité se mérite…

 

Maintenant tu dirais probablement que c’est un vagabond

Mais je sais qu’il est bien plus que cela Il est le fils de l’autoroute

 

La seule alternative serait donc d’être à l’origine d’un nouveau rock comme l’avait fait Hendrix dans les années 60 ? Qui relèverait le défi ? Robert Fripp ? Finis les riffs destroy, exit le blues dynamité, place à l’électronique et au bidouillage informatique, l’ambient remplace le prog… Il aura sa place au G3, et s’impliquera pour Vista. Zappa ? Non, il avait déclaré lui-même avoir fait le tour de la guitare, et puis il détestait l’image du guitar hero. Stevie Ray Vaughan ? Il fit trembler la terre, mais ne déplaça pas les montagnes. Santana ? Trop smooth avec le temps… Steve Lukather ? Pas assez destroy dans ses débuts… L’éruption des guitaristes Paganini sèmera la panique dans les écoles. Il faut apprendre la théorie, bouffer de l’harmonie, accélérer le tempo et maîtriser le legato. Van Halen, Steve Vai, Satriani, les rois du tapping, du swepping et autres exercices de gym à grands coups de vibratos. Guitares faites sur mesure, pedalboard de 20 tonnes, avoir le son, c’est une affaire de moyen. Jamais autant de guitares ne se sont vendues plus qu’aujourd’hui, il y en a à tous les prix, toutes les formes, toutes les couleurs. Merde, la guitare serait responsable de la déforestation ? Et tout ça à cause d’Hendrix ? Pas grave, demain elle sera à base de carbone ou autre composite, la légende n’est pas prête de s’arrêter.

 

Cause I’m a Voodoo Child Voodoo Child

Lord knows I’m a Voodoo Child

Hey hey hey

 

« Les personnages de ce texte existent vraiment, mais toute ressemblance avec des faits que l’on pourrait y apercevoir serait entièrement fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur. Ce récit est une œuvre de pure fiction, du moins je l’espère… »

Nino Loco

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